Entré par le canal du vent dans la mer des Caraïbes, ou mer des Antilles...
entre Bahamas et Haïti en route vers Cienfuegos de Cuba.
Le plus dur est peut être à venir (24 Avril à 8h), des voiles qui claquent, des girouettes qui tournent dans tous les sens, puis tout à coup des grains avec 25 noeuds de vent et des trombes deau. Les 12 solitaires du Trophée BPE Saint-Nazaire Cienfuegos de Cuba sont tous soumis au même régime éprouvant. Les 500 derniers milles s'annoncent compliqués le long des côtes cubaines.
Un paquet de 5 en 11 milles après 3500 milles de course, et, le poursuivant Marc grignote petit à petit les milles pour se mêler à la bagarre.
Marc sur Total gagne pour la deuxième fois le Top chrono AG2R -la meilleure distance parcourue en 24 h- 103,6 milles le 24 avril à 12h
C'est le résultat de la maestria de Marc, acquise depuis sa tendre jeunesse sur Optimist et perfectionnée jusqu'à des années récentes en match-race et lors du championnat ORMA sur "Sergio Tachini" - il adore s'exprimer dans le petit temps, sous vent variable, là où la finesse du barreur prend le dessus ! Là où il faut mettre l'écoute entre les dents et la main sur la barre. Le plaisir de la régate après plus de 3600 milles.
"J’ai navigué plutôt bien sur les dernières 24heures" (24 avril à 16h) :
"je reviens sur mes petits camarades. Par rapport au fichier météo qui me donne du vent de nord, e touche plutôt du Sud. Apparemment, je suis le seul à avoir touché ce flux. Grâce à ce vent, ça nous rajoute 500 € de Mojitos à l’arrivée, merci AG2R ! Je suis bien content.
Pour la suite je ne pense pas encore à l’arrivée, je souhaiterais avoir suffisamment de distance devant moi pour avoir le temps de revenir sur le groupe de tête.
Je navigue actuellement dans du vent venant du 192° à 6/7 nœuds au 260° en gardant comme toujours une petite pointe de sud.."
"Attention, ça revient par l'arrière", analyse Lionel Péan, directeur de la course (24 avril à 17h), à qui il n'a pas échappé que le plus rapide sur 24 heures est encore une fois Marc Emig. Pointé à la dixième place, le skipper de Total est le seul à avoir passé la barre des 100 milles parcourus lors des dernières 24 heures (103,6 pour être exact). " C'est bien, c'est bien", sourit Marc, "j'ai repris 20 milles à mes petits camarades cette nuit, encore une fois comme ça et je recolle". Bientôt, ce seront les premières terres, les premières îles visibles, les premières effluves du nouveau continent et de cette île de Cuba dont Christophe Colomb disait "jamais je ne vis chose plus belle".
Marc refait son retard cette nuit (25 avril à 7h, il est 1h du matin pour lui !), il n'est plus qu'à quelques encâblures de ses "petits camarades". Bravo !
Marc est à la fête : c'est la Saint Marc en ce 25 avril et l'organisateur fête le parpaillot (huguenot)... qui navigue sur Total.
l'interview de Marc: il arrive dans le peloton, le couteau entre les dentspar satellite - 25 avril à 14h
Quelque 400 milles à l'Est de l'arrivée, une autre ligne magique s'est tracée comme par enchantement entre la pointe de Cuba et celle dHaïti, et celle-ci ressemble à s'y méprendre à une nouvelle ligne de départ ! "Le spectacle est extraordinaire ce matin", s'enthousiasme le marseillais Marc Emig, on est deux, trois, quatre bateaux sur la même ligne. On vient de faire 4000 milles, de traverser un océan et on recommence. Cest incroyable !"
Voila. L'impensable scénario est en place. Regroupement général. Bataille rangée à vue. La guerre de Troie aura bien lieu. Dix bateaux sur douze peuvent prétendre à la victoire. Rupture de stock sur les points d'exclamation !
"Patienter en se disant que les autres n'avancent guère plus vite ?" Marc Emig (Total) résume l'état général de la flotte avant de raccrocher : "je suis dans le coltar, je vais dormir". Le PC marseillais de Marc espère donc que les problèmes informatiques ont été règlé par le SAV ! Bonne nuit, Marc.
Ce matin (26 avril), Eole a décidé d'offrir un peu de répit aux douze aventuriers en route pour Cienfuegos de Cuba : le vent d'est - nord-est oscille désormais entre 10 et 15 noeuds. De l'air, enfin...
"J’ai pas dormi depuis 24h", dit Marc Emig (Total), le 27 avril à 16h, "le vent est revenu, ça s’est pas mal passé hier après-midi. J’ai fait un beau coup à terre. Je suis allé chercher du vent à la côte et j’ai repris quelques milles aux autres. Maintenant, je vais d’abord essayé de creuser avec les deux bateaux derrière moi. J’ai pas dormi depuis 24h"..
Marc (Total) est passé de la 10e à la 6e place en quelques heures, dans ce peloton des chasseurs de tête(s) où six bateaux se tiennent en un hallucinant mouchoir de poche : Skandia, Total, Aquarelle, Gedimat, Coutot-Roehrig et Banque-Populaire ont moins de 10 milles d'écart entre eux.
Les douze concurrents du trophée BPE vivent leurs derniers instants de solitude. Marc peut-il encore espérer grappiller une place au classement général ? Probablement, la compétition a cédé la place l'espace d'une nuit au plaisir d'être en mer. Des heures qu'il faut savourer, avant de retrouver le monde des terriens.
" C’est une transat surprenante " selon Marc (28 avril à 15h) ! " J’ai passé un début de nuit difficile et une fin fantastique, depuis 4 heures , j’ai du vent stable, en plus j’ai pu dormir 1h30, le bateau avançait tout seul, un miracle...
Il fait une telle chaleur, c’est insupportable. C’est du stress, rien n’est établi dans le classement, le petit temps est un terrain favorable pour moi. Cela reste quand même difficile avec du vent instable.
Au niveau de l’avitaillement, il n’aurait pas fallu que la course dure 3 jours de plus. Il ne me reste plus qu’un tiers de bidon de 20 litres ".
Par téléphone ce 28 à 16h30... Marc assure sa 5e place, le vent est là, le moral aussi ce qui compense la fatigue, il estime être à l'entrée de la baie de Cienfuegos dans environ 8h.
Et l'on reparle d'un barberousse...attendu dans les heures à venir à Cuba !
La position de Marc le 29 avril à 4h - heure française (28 avril à 21h heure locale pour lui) - cliquez
5h40 (heure marseillaise) Marc annonce son arrivée et sa place de 5e - et il ne boude pas son plaisir...avec une bagarre jusqu'au bout ne laissant voir à Samantha Davies que le tableau arrière de "TOTAL".
Bravisimo y buenas noches !
l'interview de Marc : TOTALement épuisant, mais magique ! C'est comme un match de tennis...par satellite - 29 avril à 6h
Marc Emig a bouclé sa première Transat en solitaire en 25 jours 15 heures 5 minutes et 56 secondes. La différence qui sépare Total du premier voilier est de 7 heures 55 minutes et 07 secondes, à la moyenne de 6,93 noeuds, soit une vitesse inférieure de 0,09 noeud de celle du vainqueur (7,02 noeuds).
après décision du jury (pénalité de 360 minutes à Dominic Vittet sur Atao Audio System).
Dans la presse, quelques articles...
Le Figaro du 30 avril 2005 : " Des solitaires épuisés et comblés par l'aventure ", extrait : ...Le Marseillais Marc Emig (Total), qui a trinqué avec «Minot» au Mojito, n'a de toute façon pas besoin de grimper d'un rang pour être comblé. «J'ai presque l'impression d'avoir gagné, en remontant de la dixième à la cinquième place lors de la dernière semaine de course. Allier le résultat et l'aventure, c'est une sensation extraordinaire.»
La Provence du 30 avril 2005 : " Marc Emig prend la 5e place " de Nicolas Goyet,
et on y apprend qu'un mystérieux bateau l'a suivi toute une nuit près d'Haïti, zone où les pirates sont nombreux.